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Bornes in the USA

L'homme qui a vu l'ours

« Hundred percent ». Je vais t’éviter un passage par Google Trad : ça fait beaucoup. Tu l’auras compris si tu es un fidèle lecteur de ce blog vieux comme un papillon, cette estimation ne concerne pas notre van et la probabilité qu’il arrive entier à Montréal. Réalisée par un ranger ayant repoussé l’âge limite de départ à la retraite à 112 ans, elle mesurait nos chances de croiser des grizzlys à Glacier Park, Montana. Plutôt une bonne nouvelle. Quand on a demandé sur quel sentier les apercevoir lors de notre court passage au visitor center deux jours plus tôt, le vieil homme s’est montré explicite : « Depuis le parking ». Pause réflexion. J'envisageais la chose avec plus de distance. Tu comprends, je n’ai rien contre Bambi, c’est mignon, ça fait rire les enfants ; mais l’Ours de Jean-Jacques Annaud, je préfère le voir à la télé, pas forcément sur ma place de stationnement.

La veille déjà, une femme croisée sur la route nous mettait en garde. Un feu avait sévi et déplacé la faune, désormais agressive. J’ai jamais été très doué en logarithme népérien mais je comprenais tout de même que nos chances de croiser des animaux dans la partie du parc encore accessible se multipliaient.

L'homme qui a vu l'ours

Mon pote Séb se voulait rassurant. Lui a peur du ballon quand on joue au foot, pas des grizzlys en haute montagne. Pourquoi pas. « Il n’y a aucun risque, des tas de gens randonnent dans le parc. » Des tas de gens commandent aussi un café gourmand au restau, n’empêche que ça reste la plus grosse escroquerie du XXIe siècle. Séb a renchéri : « Si un grizzly est vu, les rangers ferment la balade. » Ok, mais si nous l’apercevons en premier, on risque aussi de fermer ce blog pas encore sevré.

Faut savoir que l’ours, depuis tout petit, on te fait croire que c’est Balou dans le Livre de la Jungle. On te ment. L’animal est peureux, c’est en partie vrai. S’il t’entend ou te sent venir, normalement, il est censé fuir. Normalement. S’il a un contretemps dans son planning et qu’il s’agace, il faut te grandir au maximum, mettre tes bras par-dessus tête et crier pour lui faire peur. Conseil de rangers. En espérant qu’il soit impressionné sinon tu passes à la postérité en tête de tous les bêtisiers.

L'homme qui a vu l'ours
L'homme qui a vu l'ours

Toutes ces prédispositions ne valent pas pour notre ami le grizzly. Plus clair et bossu, il est moins pleutre que son cousin brun. T’auras beau te grandir, tu ne mesureras jamais 3 mètres de haut pour 350 kg, même si t’es Américain. Inutile aussi de déguerpir, l'animal tourne à 60km/h de moyenne et boucle donc ses marathons en moins de 5h20. Agile de ses mains, il opère même les portes de voiture en moins de temps qu’un garagiste.

Des scientifiques ont trouvé la parade : le « bear spray », sorte de lacrymo poivré qui le stoppe tout net en cas d’attaque. Pour la modique somme de 40 dollars, tous les randonneurs en sont équipés, nous les premiers. Joie du commerce. Le truc à une gueule de répulsif à moustiques. Surtout, il se vide en 4 secondes et sa portée n’excède pas 9 mètres. Donc pour résumer, quand l’animal excité te fonce dessus, tu ne décampes pas mais attends patiemment. Quand il se trouve à distance de baffes, tu lui pulvérises la lotion dans la rétine. Là, il revoit son jugement sur ta modeste personne et s’excuse en pleurs. Version officielle. Bon, j’ai plutôt dans l’idée que tu vas juste lui assaisonner la gueule histoire de relever son quatre heures, mais faisons confiance aux spécialistes.

L'homme qui a vu l'ours
L'homme qui a vu l'ours

Le premier jour, nous avons randonné des heures pour croiser trois mouflons canadiens parqués à côté de notre van au retour. Mais Glacier ne se résume pas à sa faune. Crêtes découpées, lac isolé au creux des montagnes et couleurs de saison ont rythmé notre deuxième escapade. Posté devant la fenêtre de ce paysage, on a guetté les âmes esseulées à la faveur de l’automne. Ou un truc du genre. Au bout de cinq minutes de marche, on l’a vu. Notre premier « grizz ». Là, devant nous. Enfin, plutôt à portée d’une trentaine de « bear spray », sur le flanc d’une colline. Bon, toi, t'as plus de chances de trouver Charlie que de l'apercevoir sur la photo ci-dessous. Nous l’avons observé avec un petit groupe de randonneurs. Massif et impressionnant, même à 300 mètres. On a rajouté deux ours et fêté ça par un plat de pâtes dans le camion, heureux comme un jour sans désertification capillaire. Le soir, Séb n’a dormi que d’un œil. On avait oublié de centraliser le van.

L'homme qui a vu l'ours
L'homme qui a vu l'ours
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F
Purée j'adore les cafés gourmands! :) on aurait dû en débattre.
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Z
Une escroquerie !
G
C'était ça ton histoire de faune et de flore Bill Bryson?
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E
Le café gourmand la plus grande escroquerie du 21ème siècle ? C'est avoir la mémoire bien courte
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E
Le café gourmand la plus grande escroquerie du 21ème siècle ? C'est avoir la mémoire bien courte
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